« Notre maison brûle et nous continuons à regarder ailleurs »
Aujourd’hui, nul n’ignore la réalité du réchauffement climatique en cours, son origine (à tout le moins partiellement) anthropique et ses effets potentiellement délétères.
La température moyenne de l’atmosphère augmente, en effet, rapidement depuis 50 ans, les activités humaines y contribuant probablement. On en connaît les conséquences : l’aggravation des phénomènes climatiques, la détérioration d’écosystèmes, des crises alimentaires ou encore la raréfaction de l’eau potable …[1].
Selon le GIEC, la limitation à 1,5° C de cette augmentation de la température moyenne (ce qui serait un moindre mal) nécessite une réduction de la consommation des énergies fossiles, avec un objectif de « neutralité carbone » d’ici 2050.
Qui doit agir ? Les Etats, les entreprises exploitant les industries consommatrices en pétrole, gaz et charbon et/ou chacun d’entre nous ?
Selon François GEMENNE [2], les « actions individuelles » représenteraient « à peu près un quart de l’effort à fournir », Jean-Marc JANCOVICI [3] précisant, pour sa part, que « la réduction des émissions de GES [gaz à effet de serre] atteignable pour un individu est de 50 % sans qu’il modifie « son mode de vie » de manière conséquente » [4].
Les sceptiques précisent généralement que ce ne sont pas les petites mesures prises isolément qui vont changer quoi que ce soit ou encore que la lutte contre le réchauffement climatique, quand son utilité même n’est pas vilipendée, serait davantage une responsabilité politique.
Cette posture pourrait, toutefois, masquer une réalité plus terre à terre : une propension à ne pas vouloir/pouvoir changer nos habitudes héritées des années 70/80, que l’on peut caricaturalement illustrer par ce dessin prophétique de Reiser [5], représentant un homme en short et chemise hawaïenne en train de déguster une glace devant un radiateur et regardant par la fenêtre la neige tomber.
Prenant conscience de cette réalité, ne serait-il pas sage de se dire, simplement, qu’une « économie nationale n’émet que parce que sa population consomme les biens et services qui y sont produits » [6] et qu’il est alors aussi de notre responsabilité d’agir ?
Comment ? A titre d’illustrations et pêle-mêle : se demander si mettre en route la climatisation dès l’arrivée des premières chaleurs estivales (en la « poussant » au demeurant au maximum) n’est pas plus de l’ordre du réflexe pavlovien qu’une nécessité, s’interroger sur la présence de noix de Saint-Jacques à la carte d’un restaurant de montagne, sur l’intérêt de faire des milliers de kilomètres en avion pour se retrouver (uniquement) sur une plage ou encore sur le point de savoir si le critère décisif du choix d’un appartement ou d’une maison doit être absolument sa luminosité … etc.
Bien entendu, ces réflexions illustratives, à elles seules, surtout si elles ne se concrétisent pas, ne seront pas significativement contributives à la lutte contre le réchauffement climatique ; mais, au moins, elles présenteraient la vertu de participer à une nécessaire prise de conscience collective.
« Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants » [7].
[1] Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires / Ministère de la Transition énergétique – « Changement climatique : causes, effets et enjeux ».
[2] Chercheur et membre du GIEC.
[3] Ingénieur, enseignant et conférencier français
[4] « Les actions individuelles, « 25% des efforts nécessaires » pour le climat : d’où vient ce chiffre ? » – Caroline QUEVRAIN – TF1 VERIF – Publication le 2 novembre 2022
[6] « Les actions individuelles comptent elles vraiment pour 25% des émissions » - Bon Pote - 10 février 2022
[5] Dessinateur de presse et auteur de bande dessinée
[7] Antoine de Saint-Exupéry.
Article rédigé par Maître Yann BOISADAM, Avocat Associé
Historique
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